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La présidence entre accusations et mystification

Le président Michel Martelly persiste à minimiser les allégations liant l’exécutif haïtien au décès suspect du magistrat Jean Serge Joseph.
Intervenant sur une station de radio privée de la capitale, le mercredi 17 juillet dernier, Martelly a évoqué une conspiration contre son administration en parlant des témoignages des collègues et proches du juge Jean Serge Joseph.


C’est peut-être une « manipulation pour inciter à des manifestations », a t-il déclaré.

Des proches et des amis du juge défunt, maintiennent leurs déclarations, selon lesquelles l’exécutif aurait fait pression sur ce dernier par rapport à l’injonction qu’il avait faite à Michel Martelly, le 2 juillet, de mettre à disposition de la justice certains hauts fonctionnaires de l’administration.

Ces derniers devaient comparaître à titre de témoins dans le cadre de l’instruction d’un dossier de corruption présumée impliquant l’épouse du président, Sophia Saint-Rémy et son fils Olivier Martelly.

Raymond Jean-Michel, doyen du tribunal civil de Port-au-Prince aurait amené Jean Serge Joseph le jeudi 11 juillet à une rencontre, au cabinet d’un avocat proche du gouvernement (Garry Lissade).
Michel Martelly demande des preuves que la rencontre a eu lieu.

Au moins 3 commissions d’enquête sont déjà constituées, au Parlement (Sénat et la chambre basse) et au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj).

Le Cspj et le Sénat ont déjà auditionné le doyen du tribunal civil Raymond Jean Michel et les juges Bernard Saint-Vil et Berge Surpris, respectivement les jeudi 18 et vendredi 19 juillet.

Un des membres du conseil a jugé que les témoignages recueillis marquent une avancée importante dans l’enquête.
La commission sénatoriale entend auditionner le premier ministre le 23 du mois en cours.

Les parents du défunt magistrat ont ramené sa dépouille au Canada, depuis le mercredi 17.

Dans cette même affaire un jeune garçon de 24 ans à été tué de 3 projectiles tirés par la police lors d’une manifestation organisée le mercredi 17 juillet dans la commune de L’Esthère (Artibonite – Nord), commune d’origine du juge Jean Serge Joseph, pour demander d’élucider les faits ayant conduit à la mort du magistrat.

Martelly sort l’arme de la mystification

Alors que le doute et le trouble continuent de régner autour de la mort du juge, le président de la République commence apparemment une campagne de mystification de sa personne.
Michel Martelly a avancé au cours d’une intervention radiophonique le jeudi 18 juillet qu’il jouirait d’un pouvoir surnaturel.

Il affirme posseder un « pwen dyab (pouvoir surnaturel) », lequel serait étroitement lié à son prénom Michel.
Une attitude qui rappelle l’ancien dictateur François Duvalier qui avait créé dans l’imaginaire haïtien, un mythe d’omniprésence, autour de sa personne.

Le dictateur François Duvalier s’habillait généralement en noir et avait adopté un accent nasillard pour se faire passer, selon certaines analyses, pour un représentant du Baron (entité régnant sur les cimetières dans le vaudou haïtien).

L’organisation des élections coincée au niveau de la présidence

Le projet de loi électoral élaboré par le Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) et remis à la présidence en début de soirée le lundi 1er juillet continue d’être l’objet d’examen au niveau du cabinet technique du président.

Et il n’y a rien qui presse pour Michel Martelly.
« On prendra le temps qu’il faut », a-t-il répondu à un journaliste qui voulait savoir quand est-ce qu’il compte acheminer le projet-loi au parlement haïtien pour être voté.
Il propose même, à ceux et celles qui seraient « pressés », d’utiliser la loi de 2008, une loi électorale décriée.
Le document contenant 246 articles devait être transmis au parlement au cours de la semaine (du 14 au 20 juillet) avait expliqué une source proche de la présidence, ce qui n’est pourtant pas fait.

Certains citoyens proposent au Ctcep d’entreprendre des activités qui ne sont pas conditionnées par la loi électorale, toujours en souffrance.

La tenue des élections à la fin de l’année est cruciale pour permettre d’élire 10 sénateurs, un tiers du Sénat qui sera privé d’un second tiers d’ici le deuxième lundi du mois de janvier 2014. Le corps est composé de 30 membres.
Des parlementaires estiment que le président Martelly veut arriver à la caducité du Parlement pour pouvoir diriger par décret.

Des membres de l’exécutif par devant la commission finance de la chambre basse

Le premier ministre Laurent Lamothe et le ministre de l’économie Wilson Laleau ont été reçus par la commission finances de la chambre des députés le vendredi 19 juillet.
Ces derniers ont rendu compte sur les dépenses d’investissement effectuées dans la loi de finance 2012-2013.

50% du budget sont alloués à cette rubrique selon Laurent Lamothe contre 62 % d’après le ministre de l’économie et des finances Wilson Laleau.
Des contradictions dénoncées par les députés opposés au gouvernement.

La même commission avait rencontré 48 heures auparavant le ministre de l’intérieur David Bazile et deux directeurs généraux.

Ils avaient à rendre compte sur les dépenses engagées par leurs administrations respectives au regard de la loi de finance de 2012-2013.

Cette série de rencontres précède l’examen de la loi de finance pour l’année fiscale 2013-2014 estimée à 126 milliards de gourdes, déposée au parlement depuis la fin du mois de juin dernier.

La sélection nationale de football éliminée au Gold Cup

L’équipe nationale de football a perdu son troisième match dans le Gold cup (se déroulant du 7 au 28 juillet), le lundi 15 juillet.

Elle a été mise en déroute par la sélection salvadorienne de Football sur un score d’1 but à zéro.
Les Grenadiers avaient fait belle figure devant les équipes espagnole et italienne, les 8 et 11 juin, ce qui avait donné un brin d’espoir aux amants du football en Haïti.

Quand le carnaval détrône l’histoire

Le décor festif commence déjà par s’installer au champ de mars, principale place publique de Port-au-Prince, où doit se dérouler le carnaval des fleurs les 28, 29 et 30 juillet.
Un groupe d’artistes, d’écrivains, de professeurs d’Université avaient demandé de ne pas lancer le carnaval le 28 juillet qui marque les 98 ans du début de la première occupation américaine, au cours de laquelle de nombreux paysans haïtiens allaient être massacrés.

La ministre de la culture, Josette Darguste, rejointe par AlterPresse avait parlé de coïncidence pour maintenir la position du gouvernement au détriment de l’histoire et de la mémoire de tous les Haïtiens assassinés par les marines américains pendant les 19 ans d’occupation.