A l’occasion de la première réunion de la Commission Interimaire de la Reconstruction Haïtienne
(CIRH) le 2 juin à Punta Cana (République Dominicaine) la PAPDA a convoqué la presse le 1er juin pour souligner la chance historique ratée de rompre avec les politiques archaiques et anti-populaires dans le pays. Le directeur exécutif de la Plateforme de Plaidoyer pour un Développement Alternatif, Camille Chalmers, a été très critique vis-à-vis du processus de planning de la ¨reconstruction¨ où les acteurs de la société civile ont été exclus de toute participation. Retrouvez ci-dessous un extrait sonore de cette rencontre avec la presse.
« On constate une continuation de la tendance de mettre Haïti sous tutelle. Il est vrai que beaucoup d’argent a été offert, mais l’argent n’a rien à voir avec le mécanisme de planning de la reconstruction. Il y a un énorme déficit d’information qui rétrecit la fenêtre de contrôle de la population vis-àvis des actions proposées, surtout après la loi de prolongement de l’État d’urgence à 18 mois. » Selon Chalmers, Haïti s’aventure sur un chemin anti-démocratique et d’approfondissement de la tutelle. Il estime très symbolique le fait que cette réunion sur Haïti ait une autre fois été organisé en dehors du pays.
« Le Plan d’Action Pour le Relèvement et le Développement National et les documents sectoriels qui en résultent manquent de cohérence et ne répondent pas aux besoins de la population. Il est clair que ces documents ne rompent nullement avec les habitudes de la classe politique oligarchique qui profite de la mise sous tutelle du pays. »
Pour Chalmers – qui reprend les préoccupations soulignées par la société civile lors de la préparation de la réunion des bailleurs du 31 mars – il faut une rupture sur quatre niveaux. Premièrement celle de la politique ¨tête en bas¨, celle de la dépendance et de l’assistanat prolongé. Il faut également rompre avec l’exclusion des masses à l’accès aux services de base. « Aujourd’hui seulement un quart des soins de santé nécessités est accessible, 45% de la population sont analphabètes et on continue la liquidation des services publics: la Teleco est vendue à 60% ? ». En troisième lieu il faut rompre avec le modèle économique qui se veut un développement extraverti basé sur l’exportation et des emplois précaires dans la sous-traitance. Le marché interne, l’agriculture et la transformation agricole par exemple, offrent un opportunité économique importante et durable. Finalement il faut rompre avec le modèle d’Etat oligarchique. « Si on ne rompt pas avec ces aspects de la politique, l’aide internationale ne fait que renforcer la dynamique de dépendance. »
Ecoutez un extrait sonore de la rencontre avec la presse