Dans l’après-midi du 12 janvier 2010 à 4heures 53 la terre a tremblé en Haïti. Ce séisme dont la durée est de 35 secondes et de magnitude 7.3, a semé le deuil, la désolation au sein de la grande famille haïtienne, en particulier dans les départements de l’Ouest, du Sud-est et des Nippes. C’est la plus grande catastrophe de notre histoire de peuple vu les dégâts en vies humaines et matériels. Ce tremblement de terre dévastateur a fait au moins 300.000 morts, 500.000 blessés dont 4.000 amputés et a détruit des centaines de milliers de maisons.
Au lendemain de cette catastrophe, près d’un million de personnes ont abandonné la région de Port-au-Prince pour se réfugier dans les villes de province où les infrastructures faisaient déjà défaut.
Parallèlement, la plupart des familles restantes se sont abritées sur les places publiques, dans les centres sportifs et dans d’autres espaces libres de la capitale. Comment y vivent ces familles et pour combien de temps sont-elles là? Se sentent-elles en sécurité et comment se nourrissent-elles ? De l’aide internationale ? Dans quelle condition cette dernière leur arrive-t-elle?
Qu’en n’est-il du droit au logement ? Du droit à la participation des victimes dans les décisions qui les concernent ?
Condition de vie des victimes dans les abris
La réalité des abris provisoires dans les quartiers populaires et dans le reste du pays laisse à désirer. Les conditions dans lesquelles vivent les victimes dans les abris dénotent une violation flagrante, le non respect de leurs Droits Sociaux et Economiques.
En effet, les gens sont entassés dans des cases construites, pour la plupart, avec des morceaux de toiles, de tôles, de bois, de cartons…. La majorité des personnes sinistrées n’ont bénéficie d’aucune tente. Certaines familles (femmes, enfants, hommes) dorment à la belle étoile jusqu’à maintenant et leur sécurité est hautement menacée, puisqu’il n’y a pas de présence policière dans les camps. Ce qui permet aux bandits, aux agresseurs de semer la panique dans tous ces endroits à forte concentration de victimes. On a dénombré dans certains endroits des cas de viol.
En ce qui concerne la distribution de l’aide, elle se fait dans un climat de désordre mettant en jeu la dignité des victimes. Pour avoir une carte, ces dernières ont dû parcourir plusieurs endroits de la capitale. Certaines fois, elles sont obligées de l’acheter. Les responsables de la distribution des matériels et de la nourriture s’amusent à les confisquer chez eux pour les vendre en retour aux vrais destinataires. La distribution s’est révélée en grande partie sélective.
Du point de vue sanitaire, les conditions dans lesquelles vivent les occupantes et les occupants sont des sources potentielles de maladies et d’épidémies. Pas assez de toilettes. Les gens font leur besoin par-ci par -là. L’air qu’ils respirent dans les abris est contaminé. Cette situation représente un grand danger pour leur santé notamment pour celle des enfants et des nouveaux nés qui sont dépourvus d’encadrement et d’appui psycho-social.
Fort de ces constats, la Plate-forme des Organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH), recommande aux responsables de l’Etat de prendre les mesures d’urgences suivantes ;
1.Mettre des patrouilles policières fixes et mobiles dans les camps et les zones à fortes concentration des personnes déplacées ;
2.Mettre sur pied des programmes de fumigation, de désinfestation en vue de diminuer les risques d’épidémies et de maladies ;
3.Installer des poubelles dans les camps ;
4.Créer des emplois pour les victimes ;
5.Installer des cliniques dans les camps et les quartiers populaires ;
6.Mieux organiser la distribution de l’aide humanitaire ;
7.Impliquer les victimes dans les décisions qui les concernent ;
8.Créer des activités d’animation et d’appui Psychosocial dans les camps.
La POHDH souhaite surtout que les mesures conjoncturelles ne deviennent pas définitives. Elle attend de plain-pied le plan de construction ou de la fondation promis par le gouvernement pour la solution définitive à la faillite structurelle des classes dirigeantes et dominantes traditionnelles.
Antonal MORTIME
Secrétaire Exécutif de la POHDH