Nous, diverses organisations syndicales, politiques et mouvements populaires de la Caraïbe notamment de la Guadeloupe, du Trinidad and Tobago, de la Dominique, de la Martinique, des Etats Unis d’Amérique, de France et d’Haiti ainsi que des représentants de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe (ATPC) et de l’Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples, réunies au Cap -Haïtien les 16, 17 et 18 novembre 2011 suite à la mise en place en septembre 2009 à Port-au-Prince de la Commission Internationale d’Enquête et du comité de suivi en vue de mieux comprendre et lutter contre l’ occupation que subit Haiti depuis plus de 7 ans et rechercher ensemble les moyens de mettre fin à cette occupation de la MINUSTHA et d’adopter des résolutions appropriées. Au cours de cette conférence, nous avons analysé et compris :
1- Les conséquences de l’occupation militaire d’Haiti et la honte que représente la MINUSTHA « bras armé de la domination impérialiste » ;
2- La nécessité de mener une lutte constante contre la présence des forces d’occupation pour le départ immédiat de la MINUSTHA et le rétablissement de la pleine souveraineté du peuple haïtien. Laquelle lutte doit être nationale mais, aussi Caraïbéenne et internationale ;
3- La nécessite de prendre appui sur le comité de suivi de la commission internationale d’enquête pour aboutir à la constitution d’une structure nationale cohérente capable de mener cette lutte jusqu’au bout ;
Nous avons entendu les témoignages des camarades syndicalistes, politiques et associatifs présents lors de cette conférence. Lesquels témoignages nous ont permis de mieux comprendre la véritable politique de privatisation et de développement de zones franches au profit des multinationales imposant aux travailleurs un régime de sur exploitation sans droit de s’organiser et sans garanti social hors des normes légales haïtiennes et des conventions de l’Organisation Internationale du travail (OIT). Nous avons également constaté la destruction de la production agricole nationale au profit des multinationales (par exemple, la production de riz). De plus de 60%, la couverture des besoins de consommation alimentaire de la population haïtienne par la production agricole nationale est passée à moins de 25 % en moins de 20 ans. Les témoignages nous ont permis de constater encore l’exploitation des ressources minières un peu partout à travers le pays par des compagnies étrangères. Ce qui constitue une atteinte grave à la souveraineté de la première République noire indépendante.
En ce moment historique de la vie du peuple haïtien, à l’occasion de la célébration de la date commémorative de la bataille de Vertières, nous constatons que:
– Les forces d’occupation des Nations Unies sont illégales et illégitimes ;
– De nombreux actes criminels sont perpétrés par les agents de la MINUSTHA (pendaison du jeune Jean Gerald Gilles dans une base de la MINUSTHA au Cap -Haïtien, violence sexuelle exercée sur Johny Jean à Port Salut récemment. Sans énumérer les nombreux cas de viols exercés contre des filles, des femmes et de jeunes haïtiens) ;
– Le Peuple haïtien est victime de stigmatisation à cause de la propagation de l’épidémie du choléra dont sont seuls responsables les militaires des Nations Unies. Epidémie qui a déjà couté la vie à plus de 7000.00 haïtiennes/haïtiens et infectée plus de 500,000.00 personnes ;
– La solidarité des peuples contre l’occupation d’Haïti est l’outil indispensable capable de faire avancer la lutte jusqu’à la libération totale et finale qui passe en premier lieu par le départ immediat de la MINUSTHA;
– Le gouvernement haïtien actuel ne manifeste aucun désir de solliciter le départ de la MINUSTHA pas plus qu’il ne manifeste aucune volonté de faire respecter la loi haïtienne dans les zones franches refusant par exemple d’obliger les patrons de la zone franche CODEVI à réintégrer les syndicalistes licenciés pour activités syndicales ;
– La CIRH, co-présidée par Bill Clinton (également président du Conseil Consultatif fraichement créer par le président fantoche Joseph Michel Martelly), est un outil de l’impérialisme international pour rendre pérenne l’occupation d’Haiti et le déni de démocratie et de souveraineté du peuple haïtien
– Plus de 600.000 personnes (enfants, femmes, jeunes, moins jeunes) croupissent encore sous les tentes dans des conditions de vie deshumanisante près de deux ans après le séisme et sont victimes de menaces et d’expulsions illégales et arbitraires
Fort de ces constats, dans l’esprit des héros de Vertieres, nous adoptons les résolutions que voici :
1- Faire du 1er Juin 2012, huitième anniversaire de l’occupation d’Haiti par la MINUSTHA, une véritable journée continentale et internationale de mobilisation en direction des gouvernements (en premier lieu ceux impliqués directement dans l’occupation) pour exiger le départ immédiat de la MINUSTHA. Ainsi, nous faisons nôtre l’engagement des participantes/participants à la conférence continentale de Sao Paulo ;
2- Justice et réparation pour toutes les victimes du choléra en particulier et de tous autres actes criminels de la MINUSTHA en général ;
3- Développer en Haïti et dans tous les Pays impliqués dans l’occupation d’Haiti et plus largement partout où c’est possible des comités larges et unitaires de préparation de cette journée ;
4- Renforcer les débats, les échanges entre les organisations réunies lors de cette conférence ;
5- Aider à renforcer le réseau national d’organisations syndicales et de mouvements populaires, associations de femmes constitué dans le cadre du comité de suivi ;
6- Contribuer au renforcement de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe ( ATPC) autour de la publication régulière de son Bulletin « Tribune Libre de Caraïbe » comme instrument de discussion et d’information sur les initiatives en cours dans les différents pays et la constitution d’une véritable coordination de l’ATPC assurée à cette étape conjointement par l’Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe (UGTG), le Mouvman Nonm et Travayè e Peyizan, appuyer sur des correspondants dans chaque pays de la Caraïbe ;
7- Nous faisons appel au mouvement ouvrier démocratique international pour exiger la réintégration de deux responsables du Syndicat Ouvriers et Employés de la Zone Franche de Ouanaminthe SOFEZO-CODEVI et les six (6) militants du Sendika Ouvriye Tekstil ak Abiman (SOTA), licenciés abusivement pour leurs activités syndicales dans des Usines de sous-traitances de la zone métropolitaine ;
8- De même, nous appelons le mouvement ouvrier démocratique international à exiger du gouvernement français l’arrêt de la répression syndicale en Guadeloupe singulièrement contre les militantes/militants de l’UGTG ;
9- Nous condamnons toutes formes de répression dirigées contre des militantes /militants syndicalistes haïtiennes/haïtiens ;
10- Nous exigeons que toute la lumière soit faite sur la disparition de l’étudiant à la Faculté des Sciences Humaines Onald Auguste ;
11- Informés de la tenue à Alger d’une conférence d’urgence contre l’ingérence dans les affaires internes des pays pour la défense de l’intégrité et de la souveraineté des nations, nous décidons de soutenir cette conférence dont les objectifs rejoignent les nôtres ;
12- Nous exigeons également la restitution de la dette de l’indépendance imposée par la France à la jeune république d’Haïti.
Vivre libre ou mourir !
Nou pa dwe nou pap peye !
Pour authentification :
Robert Fabert
ATPC / Guadeloupe
Guy Numa
Comité de suivi / Haiti
Organisations signataires :
Haiti : MODEP, CATH, Antèn Ouvriye, CHANDEL, Batay Ouvriye, Tèt Kole Ti Peyizan Ayisyen, Tèt Kole Oganizasyon Popilè yo, FRAKKA, KPN, FGPB, CMD-OD, MODOD, KRPN, APDNE, MPB, RPRC, Kiwo/Nòdès, FPDN, KRNPSE, ODCM, OPGB, KPNA, SOEN, MODECADEC, KTTMA, OPAM, Sek Gramsci, AVS, RPS, MOJAS, OFALA, OPK, JPO, OPJL, SPPP, SOML, AKP, Défenseurs des Opprimées/Opprimés ( DOP), FESEV, OPDHG, OJEPODEBL, APABET, MOPP, ASPPP, MRCP, ACREPH, OLAJEKA, SOFEZO-CODEVI, PTA, SPSR, FEMODEK, SPSR, OD4SS, SPPTCN, MORECA, KPSKBM, JGA, OFDF, ODTR, MJDD.
Guadeloupe : ATPC, Union Générale des Travailleurs de la Guadeloupe ( UGTG), Mouvman Nonm, Travayè e Peyizan,
Trinidad and Tobago : OWTU ( Official Trade Workers Union),
Martinique : Alliance Ouvriere et Paysanne (AOP),
Dominique : National Workers UNID,
USA : Guadeloupe -Haiti Tour USA Committee,
France : Parti Ouvrier Independent / Entente Internationale des Travailleurs et des Peuples,