En préparation au IVème forum de haut niveau sur l’efficacité de l’aide internationale qui sera réalisé à Busan en Corée du Sud du 29 novembre au 1er décembre 2011, le Trocaire, le Centre de Recherche, de Réflexion, de Formation et d’Action Sociale ( CERFAS) et la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), ont donné une conférence de presse pour inviter la société civile haïtienne a participer à une réflexion sur l’efficacité de l’aide internationale les 23 et 24 novembre 2011 à l’hôtel le plaza à Port-au-Prince. Ces deux journées de réflexions auront pour objectifs de réfléchir sur l’efficacité de l’aide, de définir une position de la société civile haïtienne sur la question de l’assistance internationale et d’analyser si les principes gouvernant l’efficacité de la coopération internationale ont été respectés en Haïti.
Ester Schneider, représentante du (CERFAS), affirme que ce forum sera un espace pour produire des analyses sur les principes établis au cours des trois dernières sommets sur l’efficacité de l’aide Rome (2003), Paris (2005) et Acrra (2008).
Elle a souligné que les pays donateurs ont pris l’engagement de travailler en vue d’une prise en charge de l’aide par les pays receveurs, de s’arranger au côté de ces derniers, d’harmoniser l’efficacité de l’aide en partageant les informations pour éviter des duplications, de mettre en place un modèle de gestion axés sur les résultats et une responsabilité mutuelle des deux parties à savoir les pays donneurs et receveurs. Elle a ajouté que compte tenu des résultats obtenus l’aide internationale n’est pas efficace. Cela est d’autant plus criant en se référant à la situation d’Haiti actuellement a-t-elle encore martelé.
La Directrice de Trocaire, Régine DUPUY, dans son intervention invite les acteurs haïtiens à prendre part à cette activité qui, selon elle, est capitale pour la réorganisation de l’assistance internationale en vers Haïti. D’après elle, Haïti est l’exemple concret de l’échec de la coopération internationale. Les multiples interventions après le séisme du 12 janvier 2010 en témoigne a-t-elle déclaré. Elle ajoute que différents pays de la Caraïbes comme Suriname, Barbades, Trinidad et Tobago, Sainte-Lucie, Barbade, République Dominicaine et Haïti se sont mis d’accord pour mettre en place une plateforme qui aura pour but de surveiller sur la bonne marche de la coopération internationale au niveau de la région.
Le Directeur Exécutif de la PAPDA Camille CHALMERS dans son intervention critique le modèle unique du crédo néolibéral basée sur le marché et la domination du Capital financier dans la coopération internationale. Une situation qui entrave le développement des pays du sud notamment Haïti a-t-il ajouté.
Il s’inquiète d’une baisse éventuelle de ressources financière des pays donneurs sous prétexte de la crise d’endettement que connaît le système financier mondial actuellement. Il a fait remarquer que les pays donateurs n’ont jamais respecté leurs engagements vis-à-vis des Nations-Unies de verser 0.7% de leur PNB au titre de l’aide publique au développement.
M. Chalmers dénonce la fenêtre humanitaire ponctuelle, de court terme et non-structurante de l’aide internationale et les conditionnalités qui ne sont pas adaptées à la réalité des pays receveurs. Il plaide en faveur du renforcement des capacités productives à long terme et la participation réelle des populations afin d’aboutir à des résultats probants en matière d’assistance internationale a-t-il poursuivi.
Le responsable de la PAPDA réclame plus de transparence et de résultats dans les actions des ONG qui agissent sans aucun mécanisme de contrôle. Cette situation est d’autant plus alarmante avec la mise en place de la commission Intérimaire pour la reconstruction d’Haïti (CIRH) qui constitue une grande anomalie pour le renforcement des institutions haïtiennes capables de donner des réponses aux différents problèmes que confronte le pays. Selon lui la CIRH consacre la mise à l’écart et la marginalisation des acteurs haïtiens dans la prise de décision concernant les politiques publiques à appliquer dans le pays.
L’Economiste plaide pour un investissement massif vers le secteur agricole souvent marginalisé dans par la coopération internationale.
Dans un communiqué de presse, les organisateurs de ce forum ont fait les constats qui suivent:
– La faible participation de la société civile haïtienne à l’élaboration du Plan d’action pour le Relèvement et le Développement d’Haïti, ce qui est contraire au principe de la prise en charge selon lequel les pays en développement définissent leurs propres stratégies de réduction de la pauvreté.
– Un dédoublement de prise d’initiative dans plusieurs secteurs, notamment en ce qui concerne les multiples plans pour la reconstruction urbaine. Ceci est contraire au principe d’harmonisation selon lequel les pays donneurs se concertent et partagent l’information pour éviter que leurs efforts ne fassent double emploi.
– Le non-respect de la prévisibilité de l’aide ce qui empêche Haïti de planifier ses programmes de développement à court et moyen terme. il souligne le fait que le 4,6 milliards d’USD promis pour l’aide au développement en Haïti en 2010 et 2011 avaient été transféré aux agences d’exécution en septembre 2011.
Ils appellent la société civile haïtienne à se mobiliser pour revendiquer que la gestion de l’aide soit conforme aux principes établis par la déclaration de Paris afin d’arriver à une réponse plus digne et plus efficace aux besoins du peuple haïtien.